La carte et le territoire

Première fois pour moi que je finis un livre de Houellebecq, mes approches de ses bouquins avaient toujours été jusque là mesurées ou limitées. Non pas que l'envie n'y était pas, plutôt, disons, que les romans c'est pas mon truc, puis même si ces libres semblaient intéressants, je n'avais pas encore fait le pas.
Par contre un livre qui s'intitule "la carte et le territoire" ne pouvait que m'attirer. C'est d'ailleurs pour cette unique raison que j'ai acheté ce bouquin, sans en connaître rien du contenu, ou des critiques littéraires. Et c'est seulement trois mois après son achat, fait le jour de sa sortie sur internet (même en pré-commande si je me souviens bien sur Amazon), que je viens de l'avaler en deux jours. Quelques difficultés pour rentrer dedans, l'usage à répétition du name dropping dès le début m'a vite essoufflé, cela rajoute vraisemblablement du réalisme. Mais le personnage central est incroyablement bien construit, ayant au final produit dans sa vie trois séries d'oeuvres qui semblent chacune cohérente, et dans un ensemble cohérent, une vie plutôt longue, et plutôt bien remplie.
Le dénouement autour d'un chirurgien collectionneur d'insectes sur la côte d'Azur m'a semblé un peu pompeuse et la disparition du tableau dans la maison de Houellebecq dans le Loiret est attendue. Un dernier regret que ne soit pas évoqué au moment de la mort du Houellebecq dans le livre qu'il a obtenu le prix Goncourt. L'auteur aurait pu se le permettre sans aucun doute, et aurait abouti sur une curiosité artistique, une cohérence réelle propre à Houellebecq.
Mais une fois habitué à ce name dropping constant, l'histoire se déroule toute seule, et la facilité de lecture et de compréhension de la trame malgré de nombreux retours en arrière et avancement rapide, montre la qualité de l'écriture. Cette présence tactile du territoire par des descriptions, des ambiances, des existences est une grande réussite, et mérite ce titre. Le choix de "carte" dans le titre, si ce n'est pour évoquer la première série d'oeuvres de Jed Martin, est plus mystérieux.